26 mai 2007

A quoi sert un idéal politique?

"Mais si nous découvrons ce qu'est la justice,
jugerons-nous que l'homme juste ne doit lui-même aucunement
différer de la justice, mais lui être à tous égards conforme ? Ou
alors nous satisferons-nous qu'il s'en rapproche le plus possible
et qu'il en participe plus que les autres ?"


Platon, La République

Utopie ou réalité ?


Quel est le programme politique le plus souhaitable ? Celui qui, réaliste, prend les hommes comme ils sont ou bien celui, idéaliste, qui les croit meilleurs qu’ils ne sont ?

A première vue il n’y a pas matière à débat : il faut donner la préférence au réalisme ! A quoi bon imaginer comme Platon dans La République ou Les Lois une société parfaitement juste ? Une société où il n’y aurait par exemple plus besoin de tribunaux ni de châtiments, où chacun remplirait son rôle librement sans jamais faire tort aux autres, est aussi belle que chimérique. Les hommes, dira-t-on, sont incapables d’une telle vertu…

Ne vaut-il pas mieux des projets moins ambitieux, mais plus réalistes, qui n’en demandent pas trop à la faible nature humaine ? D’ailleurs l’expérience ne confirme-t-elle pas tous les jours l’imperfection des hommes ?

Tout idéal politique est peut-être un rêve. Mais le fait qu’on ne puisse le réaliser tel quel n’implique pas qu’il faille y renoncer. Car pourquoi ne pourrait-on pas au moins s'en rapprocher? Mieux, on peut espérer que les progrès seront d’autant plus importants que l’objectif est placé haut. En revanche, moins on demande, moins on obtient.

Il semble même que seule la recherche de la perfection peut améliorer la situation politique. Par exemple l’idéal d’un accord parfait de toutes les libertés n’existe nulle part : c’est une utopie. Mais là réside justement son intérêt, car, en empêchant de se contenter de ce qui est, il rend possible un progrès indéfini dans cette direction. La valeur de l'idéal n’est pas d’exister, mais de faire progresser. Au fond, c’est le rêve qui inspire.

Ainsi, de deux programmes, le plus réaliste n’est pas toujours celui qui se dit tel.




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