02 novembre 2008

Le nouvel album d'Ayo - Un vrai petit bijou!


Paris, New York, Londres… la ronde des villes a happé la musicienne de 28 ans née en Allemagne d’un père nigérian et d’une mère tzigane, – un génotype qui pouvait la prédestiner aux voyages, aux incessants transits.

"Gravity at last", second opus qui affine plus encore l’équilibre délicat d’une demoiselle élevée aux sons du reggae, de la soul Motown et de l’afro-beat de Fela. Le groove peut se révéler voyou, comme sur l’excellent Slow Slow tailladé à la guitare wah-wah, et le swing prendre des atours sensuels et dénudés à l’image d’un Piece of Joy en apesanteur matinale. Sur Better Days, Ayo choisit le piano pour creuser au plus profond de ses traumas d’enfance.

«J’aime les tempos rapides, mais sur les chansons lentes l’émotion est souvent plus intense. Je peux pleurer sur certains titres calmes – c’est arrivé sur Better Days, c’était très embarrassant. Dans cette chanson, je me mets à la place de mon père lorsqu’il expliquait à ma mère pourquoi il l’avait quittée, et me retenait loin d’elle. Enfant, je ne pouvais simplement pas parler de ça. J’ai appris à mettre ces sentiments en chanson, pour les extérioriser sans être anéantie par la gravité de la chose.»

Face à une mère aimée mais accro aux drogues, Ayo a trouvé refuge dans la collection de disques de son père, DJ dans un club de Cologne. Elle y découvrit les incunables reggae, Bob Marley, Tooth and the Maytals, Jimmy Cliff…, et surtout la soul, sa vraie révélation vocale.

«C’est la meilleure école. Les artistes n’avaient pas peur de dévoiler leurs sentiments, également les hommes. Ils pouvaient chanter très franchement le sexe mais jamais de façon machiste ou dégradante, à la différence de nombreux groupes rap. Je parle de la véritable soul, l’ancienne, pas la «new» que tout le monde encense actuellement.» Amy Winehouse, donc? «Chanter mes soucis m’aide. Chez elle, cela semble au contraire la pousser plus encore vers le bas, à cause de toutes les pressions qui l’entourent. J’aime sa musique, on sent dans sa voix qu’elle porte une longue histoire de souffrance. Mais je n’ai pas aimé comme on l’a présenté à ses débuts, «la fille blanche avec la voix noire». Qu’est-ce qu’une voix noire? Ne peut-elle pas être la fille blanche avec la voix blanche? A chacun son intensité et son histoire.»

Les blancs ne sauraient-ils pas chanter la soul? «Si, bien sûr. Laisse-moi te donner un exemple… (Longue réflexion) Là, je ne trouve pas. (Rire.) Si, Eric Clapton! Il a quelque chose de soul dans son jeu de guitare,» explique la frêle chanteuse qui jamais ne se sépare de la sienne. Amoureuse «des instruments qui respirent», un seul style musical la rebute: «La techno. On a une sale tradition en Allemagne, avec les pires trucs produits dans les années 90, Scooter, 2Unlimited, DJ Bobo! Il est Suisse?? Pauvres Suisses!» (Rire.)