15 juin 2006

Amélie, c'est fini


L'échec d'Amélie Mauresmo, un scénario malheureusement familier

La numéro un mondiale Amélie Mauresmo a été éliminée par la Tchèque Nicole Vaidisova en 8ème de finale des Internationaux de France, dimanche 4 juin, et la nouvelle ne constitue même pas une surprise.
En douze participations depuis 1995, la Française, 27 ans, n'est parvenue qu'à deux reprises (2003 et 2004) à se hisser en quarts de finale à Roland-Garros, pour s'y incliner. Cette année encore comme l'an passé lorsque la Serbe Ana Ivanovic, 17 ans, l'avait battue au 3e tour, ses faiblesses ont été mises en lumière par le jeu puissant et l'aplomb d'une jeunesse. En deux heures et huit minutes, la colossale Tchèque (1,83 m), 17 ans elle aussi, a renvoyé la Française à ses études.

"Il faut peut-être m'attendre ailleurs que sur terre battue, a lancé Amélie Mauresmo. Je suis déçue, mais je mets les choses en perspective. J'ai eu un début d'année excellent, mais parfois on n'arrive pas à aller sur le court et à tout gagner."
Dans la bouche d'une joueuse de ce rang, qui fit ses classes à un jet de balle du court central de Roland-Garros, au Centre national d'entraînement, une telle résignation est confondante. Car si la Française s'est souvent ouverte d'une lourde solitude durant cette période de formation qui remonte à son adolescence, elle fut soutenue, dimanche, par un public inconditionnel. Pour l'aspect stratégique, la Fédération française de tennis avait également mobilisé toutes ses forces depuis le début du tournoi pour monter un réseau "d'espionnage" des futures adversaires de sa championne.

ENTAMÉE PHYSIQUEMENT

Vainqueur du Masters en novembre 2005, puis de son premier tournoi du Grand Chelem à l'Open d'Australie en janvier, Amélie Mauresmo abordait Roland-Garros en position de no 1 mondiale. Elle assurait prendre enfin "les choses différemment". Pourtant, si elle jure que la pression qui l'a souvent paralysée Porte d'Auteuil n'a pas joué, le scénario a semblé terriblement familier. Menant la première manche par 5 jeux à 2, elle s'est laissée entraîner dans un jeu décisif emporté à l'arrachée, et qui l'a entamée physiquement. "Au deuxième set, mes coups ne la gênaient plus, je ne dictais plus l'échange, mais j'aurais dû revenir dans cette troisième manche", a-t-elle reconnu.

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Cramponnée à ses jolis succès de ces derniers mois, Amélie Mauresmo se convainc que "les conséquences psychologiques" de cette défaite seront incomparables avec celles, très marquantes, de ses déroutes précédentes à Roland-Garros. "J'ai fait de belles choses sur terre battue victoire au tournoi de Rome en 2004 et 2005 mais durer quinze jours, c'est encore difficile pour moi", dit-elle.
Avec son jeu puissant en coup droit comme en revers et son service canon, Nicole Vaidisova, elle, tient la route et n'a aucune considération pour la hiérarchie. Elle n'a pas mis deux ans pour grimper au 15e rang mondial et a tiré de riches enseignements de deux défaites préalables contre Amélie Mauresmo.
Nièce de l'ancien joueur professionnel Daniel Vacek, cette citoyenne tchèque est née à Nuremberg (Allemagne) après que ses parents eurent fui le régime communiste. Revenue à Prague à six ans, initiée au tennis par sa mère et coachée par son beau-père, elle a vite tapé dans l'oeil des sergents recruteurs de Nick Bolletierri, qui l'a accueillie dans son académie, en Floride, alors quelle n'avait que 11 ans. La blonde demoiselle manie l'anglais comme une Américaine, l'allemand et le tchèque comme ses langues maternelles. Et elle étudie le français.
Après sa première qualification en quart de finale d'un grand Chelem, elle joue la modestie, évoque son "excitation" d'affronter l'Américaine Venus Williams. Qu'on trouve à son histoire des similitudes avec celle de la poupée russe Maria Charapova - no 4 mondiale et battue dimanche par sa compatriote Dinara Safina - ne la "dérange pas". "Maria a elle-même été comparée à Anna Kournikova, observe Nicole Vaidisova, qui a d'objectives raisons de s'imaginer déjà un destin plus brillant encore que celui de ces divas.

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